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SANS TITRE (POSTERS) - 2016
" Commencé en 2014, la série Placebo Landscape de Bellenger, récemment diplômée de l'école d'Arles, comprend des photographies de produits de consommation courante (un paquet de mouchoirs, une boîte de cotons-tiges...) dont la trivialité tranche avec l'idéalisation du paysage qui les orne. Sans titre (posters), 2016, est composé de posters de paysages commandés sur internet avec le mot-de-clé "sunset", maintenus et roulés pour souligner leur nature et disposés de façon à évoquer l'une de ces images stéréotypées de coucher de soleil. Bellenger pointe ainsi le consumérisme paysager et sa conséquence: la déréalisation du paysage qui selon ses mots: "autonomise le motif de son référent premier .”
Extrait de l'article d'Etienne Hatt, GoogleEscapes, le paysage à l'ère post-photographique, Art Press n°440, janvier 2017.
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UNTITLED (POSTERS) - 2016
" Begun in 2014, the Placebo Landscape series by Bellenger, recently graduated from the French National School of Photography in Arles (France), includes photographs of everyday consumer products (a pack of handkerchiefs, a box of cotton swabs ...) whose triviality contrasts with the idealization of the landscape that adorns them. Untitled (posters), 2016, is composed of landscape posters ordered on the internet with the keyword "sunset". These are maintained and rolled up to emphasize their nature and arranged so as to evoke one of these stereotypical images of the sunset. Bellenger points to landscape consumerism and its consequence: the derealization of the landscape which, in her words, "empowers the motive of its primary referent. "
Extract from the article by Etienne Hatt, GoogleEscapes, the landscape in the post-photographic era, Art Press n ° 440, January 2017.
Bird-Watchers (2022) est une installation composée de trente-six impressions jet d’encre sur bâche, au verso noir. Sorte de « mille feuille d’images » aux tailles décroissantes, de 100 x 150 cm à 24 x 16 cm, cette installation ne laisse entrevoir que les bordures de cette collection des représentations du Massif du Mont Blanc. Surplombée par une image collectée sur le réseau social Instagram avec le #montblanc, image sélectionnée en clin d’oeil au Voyageur contemplant une mer de nuages de Friedrich, les représentations proviennent des archives de la Maison Forte de Hautetour mais également de la collection Payot et des Amis du Vieux Chamonix. C’est donc un véritable panel de l’iconographie de montagne, forgé par les peintres, puis les photographes excursionnistes jusqu’aux publicitaires et autres acteurs promotionnels actuels, que l’installation Bird-watchers nous donne ici à voir. Apparaissent ainsi les strates d’une histoire visuelle du paysage, modelée par les imaginaires et les techniques de représentation de chaque époque. Cette installation est activable par le biais d’une performance de l’artiste.
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Bird-Watchers, 2022. Impression jet d’encre sur bâche 300 gr, verso noir. Dimensions: 100 x 150 cm à 14 x 26 cm. Vue d’exposition, Archipel de l’Art Contemporain, Saint Gervais Mont Blanc.
LA COULURE - 2019 / 2021
Projet lauréat du Prix Impression Photographique 2020 avec les Ateliers Vortex & le Musée Nicéphore Niepce
Inspirée par l’ouvrage d’Anna Atkins, British Algae (1843) et par le protocole de création aléatoire mis en place par Marcel Duchamp dans 3 stoppages-étalons (1913), Hélène Bellenger utilise la technique du cyanotype pour prendre acte de la fonte rapide des glaciers. Disposés sur des carrés de papier, préalablement badigeonnés de cyanotype, des petits morceaux de glace, prélevés directement sur les glaciers du Parc National des Écrins, fondent au soleil et activent ainsi lentement le mélange photosensible. Protocole de création aléatoire, « gabarit du hasard » , les coulées bleues de Prusse qui se forment sur le papier laissent des empreintes à la fois uniques et sérielles. Ce projet, initié dans le cadre de la résidence en refuge L’ Envers des Pentes 2019, s’inscrit dans une démarche à la fois photographique et performative, en hommage aux expéditions photographiques du XIXème siècle.
Attirée par les représentations dites « clichés » des paysages méditerranéens, Hélène Bellenger présente une série d’images qui rendent à la fois hommage aux célèbres marines de Gustave Legray et incarnent un discours sur la fragilité de ces écosystèmes côtiers. Pour ce projet, elle a réalisé une documentation photographique du bord de mer méditerranéen en utilisant la technique du Polaroid. Elle a mené cette documentation de paysages de bords de mer de manière protocolaire, une sorte d’inventaire des espaces côtiers de la Méditerranée les plus menacés. À partir de ces images, elle a créé une sorte d’« herbier photographique » en réalisant des fragments photographiques de la Méditer- ranée au moyen de décollements de gélatine Polaroid. Inspirée herbiers d’algues du 19e siècle qu’elle a pu admirer au sein de l’Institut Marseillais d’Océanologie (le M.I.O.). Cette approche plasticienne altère ainsi délibérément l’esthétique des images « cartes postales », typiques du bord de mer méditerranéen, soulignant ainsi la détérioration et la vulnérabilité de ces paysages côtiers.
Sans titre (watermelone ketone), est un parfum réalisé sur mesure avec la parfumeure Virginie Armand. Cette fragrance aux nuances gourmandes et exotiques, s'inspire de la création de la molécule Calone 1951. Créée accidentellement dans les laboratoires Pfizer dans les années 1960, cette molécule propose une odeur melon / pastèque pouvant évoquer des émotions positives.
Présentés sous forme de billes imbibées d eau parfumée, Watermelon Ketone est diffusé à l intérieur d un écrin en plexiglas dichroïque, Sans titre (lo-fi), pouvant évoquer le réseau social Instagram, fief des représentations "happycratiques"
Artpress revue - Plaisir Solide au 3 bis f - Aurélie Cavanna
Revue Nez - Plaisir Solide d'Hélène Bellenger : la pharmacopée du bonheur - Clara Muller
France Inter - Sentir pour ne pas oublier - L’été comme jamais - mardi 10 août 2021 par Eva Roque
Travail réalisé dans le cadre de la résidence de recherche et création au 3 bis f - 3 bis f Centre d’Art d’Aix-en-Provence
Initié à l’été 2021, le projet Bianco Ordinario d’Hélène Bellenger prend racine dans les carrières de marbre de Carrare, situées dans les Alpes Apuanes en Italie. Sculptées de- puis des siècles pour la qualité de leur marbre blanc, très prisées par les artistes et les designers, ces carrières sont aujourd’hui surexploitées pour l’utilisation de la poudre de marbre, carbonate de calcium à l’état pur. Utilisée notamment dans la composition du dentifrice, du maquillage, du papier ou des produits d’entretien, la poudre de marbre vient ainsi se nicher dans l’histoire du blanchiment et de la blanchité de nos sociétés occidentales contemporaines. Hélène Bellenger a initié une collection de produits de consommation possédant de la poudre de marbre pour imprimer directement sur le verso en carton. L’imaginaire luxueux et impérieux de la statuaire, associé au marbre, se trouve ici reproduit en image sur de petits emballages. À la fois fragiles, précieuses, uniques mais aussi éphémères et jetables, ces petites images, dont la forme varie selon les produits, proposent ainsi une typologie des formes industrielles, tout en présentant une sélection d’images de ces paysages modelés par l’exploitation intensive du marbre de Carrare.
Frise de logo du Mont Blanc, vinyle adhésif noir laqué et blanc mat. Dimensions variables.
Installation in situ, cette frise peut évoquer à la fois les frises murales décoratives que les sentiers de randonnées dans un guide de haute montagne. Composée de logo de Mont Blanc collectés par l’artiste, cette pièce nous questionne sur le devenir « logo » des paysages alpins, devenus aujourd'hui à la fois logo, marque et support de communication.
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DAZZLED (2021) est une installation collective réalisée par Hélène Bellenger, Valentin Russo et Margot Millet. Cette installation questionne la manière dont les nouvelles technologies et les réseaux sociaux modifient notre rapport au visage, à l’autoportrait et à la représentation de soi en ligne.
Le visage est en effet support privilégié pour comprendre la sensibilité d’une époque et la façon dont elle se réfléchit elle-même, en particulier à travers les portraits, longtemps réservés à une aristocratie, avant l’apparition de la photographie au milieu du XIXe siècle. Des selfies aux filtres de maquillages virtuels en passant par les avatars et les filtres embellissants, les smartphones semblent aujourd’hui avoir « déréalisé » l’espace du visage. Le mythe de Narcisse, obsédé par son propre reflet, en est la preuve : le visage se chosifie et devient une entité autonome, au-delà de soi. Aujourd’hui pixelisés, hyperexposés, médiatisés à outrance, les visages sur écrans semblent répondre à une double contrainte : celle du buzz et d’une pulsion scopique poussée jusqu’à l’ivresse. S’intéresser aux interfaces de l’intime aujourd’hui, c’est donc prendre acte du déplacement du concept d’intimité vers des zones entre-deux. Parce que l’intime se tourne vers le dehors, s’expose dans un jeu de montré-caché, et une volonté de communiquer sur son monde intérieur, les visages apparaissent comme une interface privilégiée pour penser ces rapports. Interface entre le moi et l’autre, l’intime et l’extime, le dedans et le dehors, ils apparaissent comme le lieu d’une intimité médiatisée, liant étroitement ce qu’il y a de plus profond et ce qui affleure à la surface dans le domaine public.
Interpellé·e·s par ces questions, Hélène Bellenger, Margot Millet et Valentin Russo ont initié une collection de selfies. Glanés méticuleusement sur internet et les réseaux sociaux, les selfies avec flash dans le miroir montrent une partie du visage et la font disparaître à la fois. Réunis à la manière d’une constellation de flash ou d’étoiles, ces images noient les individualités de ces autoportraits dans le paterne de ces représentations que l’on trouve par millier sur les réseaux sociaux.
Cette installation photographique est présentée dans le noir à l’image d’un film ou d’un spectacle. Certaines images carrés sont ensuite rehaussées par des petits miroirs, lesquels reflètent la lumière du projecteur et recréent un effet de flash sur le spectateur, qui en devient éblouit lors de la déambulation. Par effet de projection et de miroir, certaines images se retrouvent projetées sur le mur face à elles, laissant toute la pièce s'éclairer comme véritable constellation.
« La comparution, comme concept de l’être-ensemble, consiste donc à s’apparaître tout à la fois à soi et les uns aux autres, dans une même temporalité. C’est pourquoi il ne peut y avoir de « présence nue » de la communauté sans mimesis originaire, c’est-à-dire sans apparences, sans spectacle. » écrit ainsi Marion Zilio.
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Dazzled is a collective installation created by Hélène Bellenger, Valentin Russo and Margot Millet. This installation questions how new technologies and social media are changing our relationship to the face, self-portraiture and self-repre- sentation online.
The face is indeed a privileged medium for understanding the sensitivity of an era and the way it reflects itself, in particular through portraits, long reserved for an aristocracy, before the appearance of photography in the middle of the 19th century. From selfies to virtual make-up filters, including avatars and «beau- tifying » filters, smartphones today seem to have « derealized » the space of the face. The myth of Narcissus, obsessed with its own reflection, is proof of this: the face is objectified and becomes an autonomous entity, beyond itself. Today pixelated, hyperexposed, excessively publicized, the faces on screens seem to respond to a double constraint: that of the buzz and of a scopic drive pushed to the point of intoxication. Being interested in the “interfaces of intimacy” today
is therefore to take note of the displacement of the concept of intimacy towar- ds zones in between. Because the intimate turns outwards, exposes itself in a show-hidden game, and a desire to communicate about its inner world, faces appear as a privileged interface for thinking about these relationships. Interface between the self and the other, the intimate and the « extimate », the inside and the outside, they appear as the place of a mediated intimacy, closely linking what is deepest and what is flush with the surface in the public domain.
Challenged by these questions, Hélène Bellenger, Margot Millet and Valentin Russo initiated a collection of selfies. Meticulously gleaned from the internet and social media, mirror flash selfies show part of the face and make it disappear at the same time. Gathered together like a constellation of flashes (or stars), these images drown the individualities of these self-portraits in the patern of these representations that are found by the thousand on social networks.
This photographic installation is presented in the dark, like a film or a show. Some square images are then enhanced by small mirrors, which reflect the light of the projector and recreate a flash effect on the viewer, who becomes dazzled while wandering around. By projection and mirror effect, some images are projected on the wall in front of them, letting the whole room light up like a real constellation.
Après la découverte d’une publicité pour Prozac au centre de documentation de l’Hôpital psychiatrique Montperrin, Hélène Bellenger initie une collection de publicités pour anxiolytiques et antidépresseurs issues de revues spécialisées (1970 - 2002). Interdites à la diffusion en 2002, ces publicités, teintées des codes marketing souvent très genrés de l’époque, semblent nous renvoyer vers à une normativité du bien-être. « Revivre l’émotion » avec Anafril, « Visez l’efficacité » avec Vivalan 100, ou encore « Mieux vivre » avec Dogmatil. La surconsommation d'antidépresseurs et d'anxiolytiques dans nos sociétés occidentales contemporaines ou encore la mode du développement personnel et de la psychologie positive nous questionnent sur cette pression au contrôle et à la "rectification" du soi.
Artpress revue - Plaisir Solide au 3 bis f - Aurélie Cavanna
Revue Nez - Plaisir Solide d'Hélène Bellenger : la pharmacopée du bonheur - Clara Muller
France Inter - Sentir pour ne pas oublier - L’été comme jamais - mardi 10 août 2021 par Eva Roque
Travail réalisé dans le cadre de la résidence de recherche et création au 3 bis f - 3 bis f Centre d’Art d’Aix-en-Provence
Video couleur, 6 minutes 21.
Dans cette vidéo / performance, Hélène Bellenger active l’installation au sol, Bird-Watchers. Filmé en plongé, l’artiste enlève les images une à une, permettant au spectateur de découvrir les images. Véritable cheminement au sein des images du massif du Mont-Blanc à travers les âges, cette vidéo qui rémonte dans l’histoire des représentations nous interroge ainsi les rouages de la création d'un paysage icône de notre culture visuelle, devenu aujourd'hui à la fois logo, marque et support de communication.
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SCREENSHOT - 2016
En 1920, Man Ray rend visite à son ami Marcel Duchamp dans son atelier new-yorkais. Il y entrevoit une plaque de verre posée à plat, recouverte d’une épaisse couche de poussière. Ceci n’est pas le résultat d’une négligence, Duchamp a volontairement laissé la poussière s’accumuler durant des mois. En écho à la célèbre image de Man Ray et Marcel Duchamp, je me suis intéressée ici à la poussière accumulée sur nos écrans. Indésirable, omniprésence, ce dépôt de matière constitue une mise en exergue de la matérialité écran. Fissures, craquelures, poussières, traces de doigts. Extraits de leurs contextes, les écrans portent en eux les stigmates de leur valeur d’usage quotidienne. Sorte de “reliques 2.0”, les images sont présentées à échelle 1 de l’écran, puis placées sous boîte de plexiglas.
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SCREENSHOT - 2016
In 1920, Man Ray visited Marcel Duchamp's studio in his New York. He glimpsed a glass plate laid face down, covered with a thick layer of dust. This was not the result of negligence, Duchamp voluntarily allowed the dust to accumulate for months. Echoing the famous image of Man Ray and Marcel Duchamp, the Screenshot project focuses on the dust accumulated on our screens. Unwanted, omnipresent, this deposit of matter constitutes a highlight of the screen’s materiality.
Cracks, dust, fingerprints. Extracted from their contexts, the screens carry within them the marks of their intense daily use. Sort of "relics 2.0", the images are presented on a scale of 1 on the screen, then placed in a plexiglass box.
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PLACEBO LANDSCAPE - 2014 / 2016
Ciel bleu azur sur paquet de mouchoirs, plage de sable blanc sur boîte d’allumettes, soleil au beau fixe sur porte-monnaie ou aurore boréale sur mug, les objets utilisés dans le cadre de ce projet ont été collecté sur internet, dans des marchés ou dans des offices de tourisme finlandais. Dans Placebo Landscape, la reprise du motif paysage dans le circuit de l’imagerie commerciale s’épuise dans sa répétition jusqu’à perte de lien avec le référent premier. Ce que Jean Baudrillard nomme la “culturalité industrielle” illustre ici un rapport déréalisé au paysage où le paradigme de la carte postale devient ici support de consommation. Morcelée, tramée, dissolue, la représentation de paysage est ainsi présentée dans sa dimension objet. Débuté en 2014, dans le cadre d’une résidence de six mois en Finlande, ces différentes installations s'inspirent notamment des peintures de paysage d’Ed Ruscha.
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PLACEBO LANDSCAPE - 2014 / 2016
An azure blue sky on a packet of handkerchiefs, a white sand beach on a matchbox, a beautiful sun on a wallet or an aurora borealis on a mug, the objects used within the framework of this project were collected on flea market, internet or in Finnish tourist offices. In the Placebo Landscape project, the perpetual resumption of the landscape motif in commercial imagery is exhausted by its repetition until the link with the primary referent is lost. What Jean Baudrillard called “industrial culturality”, illustrates here a derealized relationship to landscape. The paradigm of the postcard here becomes a medium of consumption. Fragmented, dissolved, landscape representations are thus shown as objectified. Begun in 2014, as part of a six-month residency in Finland, these various installations are inspired in particular by Ed Ruscha's landscape paintings.
La cellule, capitonnée de tissus rose gold, fait écho aux pratiques asilaires qui s’exerçaient dans ce même espace il y a quelques décennies. Chargée émotionnellement, la pièce invite pourtant à un certain repos. Le sol matelassé permet de s’y asseoir et propose de vivre une expérience sensorielle stimulant la vue et le toucher. Le matelassage holographique revêt la pièce d’un aspect psychédélique, faisant également écho aux voûtes d’entrée et aux filtres dichroiques de Sans titre (Lo-Fi).
L’un des murs est saturé d’images, imprimées à même le tissu. Ces images ont été sont un extrait des photographies collectées par l’artiste sur le réseau social instagram avec le hashtag #happynnessisachoice.
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BRAINBOW - 2019
Projet réalisé au laboratoire INSERM Imagerie et Cerveau de Tours (URM 1253) dans le cadre de la huitième édition du partenariat INSERM - ENSP, La Recherche de l’Art.
Le concept de “fausse couleur” est utilisé en imagerie technique (astronomique, imagerie satellite, imagerie médicale, ou de prospection minière), afin de mettre en évidence des variations mineures d’un gris. Le logiciel Image J permet de coloriser un IRM en appliquant différentes tables de couleurs selon ce que l’on souhaite faire ressortir. L’une des tables de couleurs se nommant Warhol, j’ai décidé de “warholiser” un IRM en appliquant toutes les luts que le logiciel Image J possède sur cette même image. Ce processus de détournement numérique permet de pousser dans ses retranchements le concept de "fausse couleur", courant dans le vocabulaire scientifique et souvent inconnu du grand public, tout en questionnant la "disneylandisation" des images scientifiques dans les médias.
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BRAINBOW - 2019
Project developed at the INSERM laboratory in Tours (URM 1253) in partnership with the French National Institute of Health and Medical Research and the French National School of Photography (ENSP, Arles).
The concept of "false color" is used in technical imagery (astronomical, satellite imagery, medical imagery, or mining prospection), in order to highlight minor variations of a gray. The Image J software allows the user to colorize an MRI by applying different color tables depending on what one wants to highlight. One of the color tables is called Warhol. I decided to "warholize" an MRI by applying, to a given image, all the color charts that the software offers. This process of digital reappropriation allows us to overturn the concept of "false color", common in scientific vocabulary and often unknown to the general public. Via the vocabulary of pop culture, this installation questions the "disneylandisation" of scientific images in the media.
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LES CORPS DOCILES - 2018
Projet réalisé au sein des collections de la Cinémathèque de Toulouse dans le cadre de la Résidence 1+2 Factory 2018.
Les théories féministes ont profondément modifié la façon de considérer notre culture visuelle. À l’origine de cette révision, un article de la critique Laura Mulvey propose en 1975 la notion de «male gaze», regard masculin, pour caractériser l’objectivation voyeuriste de la femme dans le cinéma. Inspirée par la théorie freudienne, qui définit la scopophilie comme une pulsion sexuelle, où l’individu prend plaisir à posséder l’autre par le regard, cette approche part du constat qu’il existe des rôles sociaux considérés comme propres a chaque genre. Irrigué par les questions d’actualité concernant le conditionnement genré de notre culture visuelle, ce projet développé à partir des collections de la Cinémathèque de Toulouse, questionne la modélisation de l’image de la femme dans le cinéma des années 1920 – 1950. Ces années phares du Star System américain constituent en effet un véritable tournant dans la mise en archétype des représentations du corps féminin. Entre divinisation et standardisation, l’iconographie féminine se courbe alors et se façonne au gré des contraintes technologiques du début du XXème siècle, créant des promiscuités entre corps et technique, beauté et photogénie.
Par un travail de collecte et de détournement des revues, affiches, et bobines des collections de la Cinémathèque de Toulouse, ce projet tend à déconstruire l’objectivisation de la femme pour l’écran cinéma des années 1920-1950 et met ainsi en évidence la déréalisation des canons de beauté. Au-delà du film, c’est tout l’édifice de l’esthétique occidentale qui est ici remis en cause, dont le cinéma a contribué pour beaucoup à la normalisation, la fragmentation et la standardisation du féminin.
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LES CORPS DOCILES - 2018
Project carried out within the collections of the Cinémathèque de Toulouse as part of 1 + 2 Factory residency 2018.
Feminist theories have profoundly changed the way we consider our visual culture. At the origin of this revision, an article by the critic Laura Mulvey proposed in 1975 the notion of "male gaze", to characterize the « voyeuristic » objectification of women in cinema. Irrigated by modern issues concerning the gendered conditioning of our visual culture, this project developed from the collections of the Cinémathèque de Toulouse, questions the modeling of the the image of women in the cinema of the 1920s - 1950s. Indeed, this key period of the American Star System constitutes a real turning point in the archetypal representations of the female body. At the time, somewhere between deification and standardization, female iconography is modeled and shaped according to the technological constraints of the beginning of the XXth century, creating a promiscuity between body and technique, beauty and photogeny.
By collecting and overturning the meaning of magazines, posters and reels from the collections of the Cinémathèque de Toulouse, this project aims to deconstruct the objectification of women for the cinema screens of the 1920s and 1950s.
Although cinema has greatly contributed to the normalization, fragmentation and standardization of the feminine, it is not only the film industry but the entire edifice of Western aesthetics that is challenged here.
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RIGHT COLOR - 2018
Projet lauréat du Prix Dior de la Photographie pour Jeunes Talents pour l’ENSP, 2018. Développé au sein des collections de la Cinémathèque de Toulouse dans le cadre de la Résidence 1+2 Factory 2018
La technologie de l’image des années 1920 -1950 était pourvue d’un spectre colorimétrique monochrome et peu nuancé. Pour mettre en évidence les contrastes et l’expressivité des visages, le maquillage était accentué jusqu’au grotesque (bleu roi sur paupières et lèvres, pointe de jaune souffre sur le nez, pommettes poudrées de vert). En collectant les articles traitant du maquillage pour la télévision et le cinéma dans les revues Cinémonde des années 1920-1950, Hélène Bellenger a ramené à la surface les maquillages invisibles aux écrans de l’époque. Les portraits que nous observons semblent ainsi clownesques et dérangeants, et nous interrogent sur les ressorts de construction de l’imagerie de la beauté.
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RIGHT COLOR - 2018
Project laureate of the Dior Prize for Photography for Young Talents for the ENSP 2018. Developed within the collections of the Cinémathèque de Toulouse, as part of the 1 + 2 Factory 2018 Residency.
Image technology from the 1920s-1950s had a sparse, monochrome color spectrum. To highlight the contrasts and the expressiveness of faces, the makeup was accentuated to the point of being grotesque (royal blue on eyelids and lips, a touch of sulfur yellow on the nose, cheekbones powdered in green). By collecting articles dealing with make-up for television and cinema in Cinémonde magazines from the 1920s and 1950s, Hélène Bellenger brrings to light makeup that was invisible to the screens of the XXth century. The portraits we observe thus take on a clownish disturbing quality, and question us about the construction of the imagery of beauty.